Qu’est-ce qu’un jeu-conférence ?
Voici comment Thiagi présente ses « jeux-conférences » :
« Depuis plus de trente ans, j’ai utilisé et analysé le mode conférence. J’ai aussi largement participé à la création et à la mise en application de jeux de simulation et d’instruction. Bien que ces deux approches semblent antithétiques, j’ai combiné les deux dans une forme que j’appelle “jeu-conférence” ou “conférence interactive”. »
Le mode conférence – ou le cours traditionnel dans une salle de classe – présente de nombreux avantages, ce qui explique sa pérennité à travers les âges et sa résistance à des siècles d’attaques et de mauvais emploi.
En effet :
- du côté du conférencier ou de l’enseignant :
- il est pratique (vous transmettez un volume d’informations important dans un minimum de temps) ,
- il est efficace (une bonne conférence peut être enrichissante) ,
- c’est une manière de faire calme et peu impliquante ,
- cela flatte l’ego du conférencier ou de l’enseignant ,
- cela permet de toucher un grand nombre de personnes en même temps ,
- les grands conférenciers inspirent ceux qui les écoutent.
- du côté des participants :
- ils ont le sentiment de contrôler ce qu’ils font ; ils sont capables de prendre des notes, même en rêvassant à autre chose ,
- cela ne demande pas de préparation de leur part, ou peu ,
- c’est calme et peu impliquant ,
- ils n’ont pas de sentiment de crainte, sachant qu’ils ne devront pas montrer ce qu’ils ont (ou n’ont pas) retenu ,
- ils ne perdent pas leur temps à partager leur ignorance avec les autres ,
- ils ont le sentiment sécurisant que le conférencier présente des informations correctes et définitives, c’est-à-dire non sujettes à discussion.
- Pourtant le mode conférence présente de sérieux inconvénients :
- c’est une forme d’apprentissage souvent ennuyeuse et inefficace ,
- c’est une transmission passive de l’information, qui ne facilite pas le transfert et l’application des nouvelles informations ; un apprentissage réel et de qualité nécessite une présentation active, et non une écoute passive ,
- le conférencier a tendance à se focaliser sur ce qu’il veut transmettre à son auditoire, plutôt que de s’intéresser aux souhaits et besoins des auditeurs ,
- en l’absence de réactions des auditeurs ou des élèves, le conférencier ne reçoit aucun feed-back utile de leur part.
Au contraire, un apprentissage expérimental qui utilise des techniques telles que des jeux, des simulations ou des jeux de rôle, est actif, plaisant et stimulant. Mais cette approche est parfois peu efficace et souvent détestée des formateurs et des enseignants, qui ont peur de perdre le contrôle de leurs stagiaires ou de leurs élèves.
Elle n’est également pas toujours appréciée des apprenants qui craignent de perdre la face ou ne trouvent pas cela « sérieux ».
Les jeux-conférences combinent le meilleur des deux approches. Ils représentent une approche interactive de l’apprentissage, testée sur le terrain.
Pourquoi les utiliser ?
Beaucoup de gens ne sont pas satisfaits du mode conférence – ou du cours magistral –, mais continuent malgré tout à l’utiliser. Si l’on vous demande de transmettre des informations à un groupe, vous serez sans doute tenté de faire une conférence ou un exposé classique.
Même aujourd’hui, dans un environnement d’apprentissage de haute technologie où l’on utilise de plus en plus la vidéo, Internet et d’autres outils très élaborés, le mode analytique et linéaire reste la principale méthode d’instruction et de transmission d’informations.
Les recherches en sciences cognitives montrent pourtant que l’écoute passive (le mode d’instruction de la plupart des conférences et des cours traditionnels) conduit à un oubli rapide d’un pourcentage élevé des informations reçues. En simplifiant, on peut dire que l’information est stockée dans la mémoire à court terme, et se dissout rapidement.
Pour permettre une mémorisation à long terme des nouvelles informations et avoir la capacité de les utiliser d’une manière pratique, il est nécessaire d’activer ces informations.
Les jeux-conférences facilitent justement la mémorisation à long terme, parce qu’ils permettent un traitement actif et interactif de l’information.
Mais bien qu’ils soient stimulants et interactifs, les jeux-conférences permettent cependant à l’enseignant ou au formateur de garder un bon contrôle de l’apprentissage, plus qu’avec des activités purement expérimentales.
Il est également possible de glisser en douceur d’une conférence ou d’un cours classique à un jeu-conférence, puis de revenir à un mode plus traditionnel : en fonction du temps disponible et de l’humeur des apprenants, on peut osciller entre ces deux techniques. Cette adaptabilité est l’un des bénéfices majeurs de l’usage de jeux-conférences.
De plus, alors que la plupart des activités d’apprentissage expérimentales nécessitent un temps de préparation assez important, les jeux-conférences ne nécessitent que peu ou pas de préparation. Si vous connaissez bien votre sujet et si vous avez à l’esprit une trame grossière de votre présentation, il vous est facile de vous lancer dans un jeu-conférence.
Caractéristiques d’un jeu-conférence
Bien qu’il y ait différents types de jeux-conférences, tous ont les mêmes caractéristiques générales :
- c’est une conférence – ou un cours – qui relie un présentateur à une audience à travers la fourniture orale d’un contenu ,
- c’est actif : contrairement à une conférence traditionnelle, un jeu-conférence nécessite une participation active de l’audience ,
- c’est interactif : les participants sont encouragés à se parler entre eux et à parler avec le présentateur.
Limitations : les jeux-conférences nécessitent forcément plus de temps pour couvrir un contenu spécifié, mais permettent en général une compréhension et une mémorisation de meilleure qualité.
Trop d’activités peuvent également distraire les apprenants du contenu d’instruction. Au formateur ou à l’enseignant de bien doser l’équilibre entre présentation classique et activités.